Article paru dans la Tribune de Genève, le lundi 14 janvier 2008
(n'ayant pas de scanner, je vous l'ai retranscrit)
Pourquoi dormons-nous ? Des chercheurs de l’Université de Lausanne percent le mystère
Une équipe du Centre intégratif de génomique a pu démontrer le rôle du sommeil pour le cerveau et isoler un gène dont la maîtrise peut s’avérer très prometteuse.
Nous y consacrons le tiers de notre existence et personne ne peut dire pourquoi l’on dort ! Or, pour la première fois, une équipe de chercheurs de l’Université de Lausanne est parvenue à déterminer non seulement ce qui se passe dans le cerveau, au niveau moléculaire, quand on dort, mais aussi – surtout ! – à isoler le gène qui surveille ce flux de molécules. Il s’appelle Homer1a, seigneur et maître du taux de calcium dans les neurones.
Pour qu’un organisme soit en éveil, ses neurones ont besoin d’un apport régulier de cette substance. Plus la veille se prolonge, plus la quantité de calcium dans ces cellules du cerveau est importante. « Etant donné qu’un excès de calcium se révèle toxique pour les neurones, nous avons pu déterminer que le sommeil sert avant tout à faire diminuer ce taux » explique Mehdi Tafti, responsable de cette recherche au Centre intégratif de génomique (CIG).
5 heures par nuit suffisent !
Régulateur du taux de calcium, le gène Homer1a s’occupe aussi d’émettre le signal du besoin de dormir. Cette alerte peut intervenir plus ou moins vite, ce qui va déterminer si l’on a affaire à un gros ou un petit dormeur. « Une hypothèse très solide affirme que la récupération est la même pour tous les humains », poursuit le chercheur. « On l’estime à 5 heures ou 5 heures 30. Mais la plupart des gens dorment plus, à l’image de ce qui se passe avec la nourriture. Il est faux, en revanche, de dire qu’on a besoin de dormir huit ou neuf heures par nuit ».
Même si nous sommes à des années de pouvoir trouver de tels « remèdes » en pharmacie, il n’est donc pas illusoire d’imaginer pouvoir maîtriser la fatigue – ce qui, mal utilisé, pourrait se révéler très dangereux. En revanche, la connaissance de ce gène fait aussi miroiter de nouvelles opportunités d’améliorer la qualité du sommeil.
Emmanuel Barraud