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Grippe A (H1N1), tout augmente : infections, vaccinations, contradictions, réquisitions… Publié le 27/11/2009 | 2 réactions | |
Paris, le vendredi 27 novembre 2009 – Les pandémies grippales ne sont pas les périodes les plus propices pour contrarier les infirmières, surtout quand ces dernières se montrent peu enclines à la vaccination. C’est en effet toujours le cas aujourd’hui : si la couverture vaccinale contre la grippe A (H1N1) des professionnels de santé a atteint 20 %, c’est principalement le fait des praticiens. «
L’adhésion des médecins est bonne mais celle des infirmières et aides-soignantes reste souvent à gagner » a en effet souligné hier le ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Les déclarations du ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, pourraient avoir en la matière un effet contre-productif. Evoquant son intention de «
proposer (…) aux présidents d’universités et aux doyens des facultés de médecine d’aménager les horaires des étudiants de façon à ce qu’ils puissent être plus nombreux pour aider dans les centres de vaccination », Valérie Pécresse a souligné qu’ils étaient tout à fait qualifiés pour ce faire, étant donné qu’ils «
ont plusieurs années de formation, quatre ou cinq ans, soit plus qu’une infirmière diplômée ». Toujours en mal de reconnaissance, les infirmières, qui se montrent parfois réticentes à participer à la campagne de vaccination, apprécieront !
La France ne sera pas le seul pays à piquer deux fois ses habitants !Les déclarations du ministre de l’Enseignement supérieur auront également semble-t-il déplu au directeur général de la Santé, Didier Houssin. Alors que Valérie Pécresse avait annoncé que les étudiants participeraient à la campagne par le biais de la réquisition, Didier Houssin a tenu à préciser quelques heures plus tard que le c’est le principe du volontariat qui prévaudrait ! Pour donner l’exemple, le Professeur Houssin a indiqué qu’il viendrait prêter main forte dans un centre de vaccination samedi matin. Outre ces petites précisions, le directeur général de la Santé a également fait le point sur le nombre de vaccins aujourd’hui disponibles : «
On dispose de huit à dix millions de doses de vaccins (…) (essentiellement du Pandemrix), dont 1,4 million de doses de Panenza destiné notamment aux femmes enceintes et aux jeunes enfants (…) et de très peu de Baxter (12 000 doses) ». Rappelons que la France a commandé 94 millions de doses, qui vont se révéler bien trop nombreuses, à l’heure où les autorités sanitaires viennent d’entériner la recommandation européenne de ne réaliser qu’une seule injection chez les adultes et les enfants à partir de 10 ans.
10 % de vaccins perdus !Sur la commande globale de vaccins, le ministre de la Santé a tenu à préciser que seules 74 millions de doses seraient en réalité utilisables, d’une part en raison d’un don fait à l’Organisation mondiale de la Santé et d’autre part parce qu’il faut déplorer une perte d’environ 10 % dû à la présentation mulltidoses. Roselyne Bachelot a en outre tenu à affirmer qu’il n’y avait guère d’inquiétude à avoir e raison des «
nombreuses sollicitations » auxquelles fait aujourd’hui face la France de la part de pays étrangers.
C’est bon ou pas ?La journée d’hier aura également été l’occasion de faire le point sur le nombre de personnes immunisées qui atteint désormais 750 000. Selon le ministère de l’Intérieur, on compte désormais 65 000 nouvelles personnes vaccinées chaque jour. Une nouvelle montée en puissance est d’ailleurs attendue la semaine prochaine avec le début de la vaccination des enfants, auxquels devraient être réservés, dans la mesure du possible, le vaccin sans adjuvant, Panenza des laboratoires Sanofi Aventis. L’arrivée des plus jeunes (choyés par un ministre soucieux de leur éviter la douleur au point d’injection !) nécessairement accompagnés de leurs parents, ne devrait qu’accroître l’engorgement des centres de vaccination. Sur ce point, Roselyne Bachelot a tenu à se montrer ferme en martelant : «
Il n'est pas acceptable d'attendre deux, trois ou quatre heures, pas acceptable que certains centres annoncés comme ouverts ne le soient pas ». Elle a par ailleurs répété : «
On ne se présente dans un centre de vaccination qu'avec un bon ». Cependant, en la matière, le message semble parfois brouillé, comme en témoigne la volonté de certains départements (Paris notamment) de réaliser en même temps la vaccination des parents (sans bon !) et des enfants. En outre, certains se souviendront peut-être de l’information délivrée en début de semaine par Didier Houssin, qui répondant à la colère de ceux et celles n’ayant pas encore reçu de bon avait précisé que les centres étaient aptes à éditer eux-mêmes les fameux bulletins !
Et si la grippe, plutôt que la vaccination, était en cause ?Cette vaccination qui avait suscité tant de méfiance demeure l’objet d’une vigilance stricte de l’AFSSAPS qui vient d’éditer son quatrième bulletin de pharmacovigilance, qui fait état pour la période du 21 octobre au 22 novembre, de 253 signalements d’effets indésirables, avec pour 96 % des cas une intensité bénigne à modérée. Ce dernier bilan, publié hier, fait entre autres le point sur le cas d’interruption grossesse chez une femme vaccinée et souligne : «
Les informations (…) montrent que la mère avait contracté une infection grippale au cours du deuxième trimestre de sa grossesse. Les premiers résultats des analyses effectuées sur le placenta et le fœtus font apparaître la présence du virus A/H1N1. Ces résultats sont en cours de confirmation ». Ceci permettrait d’innocenter le vaccin.
22 morts en une semaineMais plus encore que la vaccination, c’est l’épidémie qui a connu ces derniers jours une progression fulgurante. «
Le nombre de consultations pour grippe clinique en médecine de ville a nettement augmenté » note l’INVS dans son dernier bulletin : au total 730 000 consultations pour infection respiratoire aiguë liée à la grippe A (H1N1) ont été recensées du 16 au 22 novembre, soit une progression de 72 % sur la semaine précédente. Les cas graves seraient eux aussi en progression, avec 43 nouveaux cas signalés la semaine dernière. L’InVS fait état également 22 nouveaux décès liés au virus A (H1N1) au cours de la semaine passée. Roselyne Bachelot a commenté ces chiffres en soulignant que l’épidémie «
s'accélère de façon encore plus brutale » et en rappelant qu’au cours des précédentes semaines le nombre de décès n’avait pas dépassé les 8 à 10. On signalera par ailleurs que l’InVS évoque un premier cas de résistance au Tamiflu en France métropolitaine.
AH
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