Les cellules souches pourraient régénérer les poumons endommagés
LE MONDE | 19.09.07 | 15h17 • Mis à jour le 19.09.07 | 15h17
STOCKHOLM CORRESPONDANCE
Pour la première fois, des chercheurs ont réussi à implanter dans des poumons de souris des cellules pulmonaires obtenues à partir de cellules souches embryonnaires, une réussite qui donne de l'espoir pour le traitement des maladies respiratoires chez les humains.
C'est une équipe de l'Imperial College de Londres qui a réalisé ce travail, présenté, mardi 18 septembre, à Stockholm, lors du congrès annuel de la Société européenne de pneumologie (ERS), un rassemblement de quelque 15 000 médecins cliniciens, chercheurs, physiothérapeutes et représentants de l'industrie pharmaceutique, venus d'une centaine de pays.
Après avoir cultivé des cellules souches embryonnaires de souris afin qu'elles se spécialisent en cellules pulmonaires, les chercheurs de l'Imperial College les ont injectées dans les veines de souris ayant reçu une substance toxique endommageant leurs poumons.
Deux jours plus tard, ils ont constaté que les cellules pulmonaires étaient venues se loger dans les poumons des rongeurs. Aucune de ces cellules "n'a été retrouvée dans les autres organes des souris, ce qui prouve le haut degré de spécialisation de ces cellules, qui ne se greffent que sur leur cible, le poumon", a souligné l'ERS dans un communiqué, estimant que cette réussite représentait un "immense espoir" pour l'homme.
De nombreuses maladies pulmonaires chroniques sont à l'heure actuelle incurables. Seules les greffes, opérations lourdes et coûteuses, peuvent y remédier. Si l'ingénierie tissulaire et la thérapie par cellules souches ont déjà obtenu des résultats encourageants dans plusieurs domaines, quoique essentiellement sur des modèles animaux, les maladies respiratoires n'ont jusqu'à présent pas bénéficié de ces nouvelles voies thérapeutiques. "Le poumon est une cible très difficile pour les chercheurs en ingénierie tissulaire", a expliqué Sile Lane, de l'équipe de l'Imperial College. Notamment parce que cet organe, hautement complexe, réunit une grande diversité de cellules, dont certaines ont un renouvellement très lent."
La possibilité de régénérer des poumons endommagés pourrait bénéficier à des dizaines de millions de personnes à travers le monde, estime l'ERS, qui précise que les maladies de l'appareil respiratoire constituent la première cause de mortalité à la surface du globe. Si l'on ne s'en tient qu'à l'Europe, elles coûtent à la collectivité près de 100 milliards d'euros chaque année. Les chercheurs britanniques soulignent cependant que si la voie des cellules souches est désormais ouverte en pneumologie, l'application de leurs travaux à la médecine humaine est encore lointaine. - (Intérim)
Article paru dans l'édition du 20.09.07.